Récifal berlinois, surécumage et microfaune

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Récifal méthode berlinoise, surécumage et microfaune

" On pourrait cependant reprocher à l'écumeur d'éliminer des oligo- éléments. C'est un inconvénient mineur puisque les poissons reçoivent ces oligo-éléments dans leur alimentation. Malheureusement beaucoup d'invertébrés retirent les oligo-éléments de l'eau et non pas de la nourriture. Il est donc préférable de ne pas installer d'écumeur dans un aquarium d'invertébrés "

Cet extrait est tiré du livre L'aquarium Marin Tropical de Frank de Graaf. Cet ouvrage, présenté par son éditeur français ( Bordas, Dépot légal : mars 1988 ) comme le premier guide complet de l'aquariophilie marine, fut pour moi-même et tant d'autres "vieux" aquariophiles une référence pédagogique. À cette époque les aquariums d'eau de mer sont principalement des fish only dont le décor rocheux est agrémenté de squelettes de coraux morts. Il n'est pas encore question dans ce livre de la maintenance des coraux telle que nous la concevons aujourd'hui ; de fait, le terme "invertébrés" y désigne, sans trop les détailler spécifiquement, de nombreux animaux que nous classons aujourd'hui dans la catégorie un peu fourre-tout "macrofaune" ( crustacés, echinodermes, vers annélides, mollusques ). Il faut donc garder à l'esprit que l'auteur, à l'époque conservateur du célèbre Aquarium Artis d'Amsterdam, se réfère essentiellement à ce type d'invertébrés lorsqu'il publie cette affirmation quant à l'usage de l'écumeur

Ce que De Graaf considère comme un aquarium d'invertébrés n'est finalement rien d'autre qu'un bac d'élevage spécifique de macrofaune-microfaune telle que ceux que je maintiens. Il a effectivement raison d'affirmer que l'écumage va à l'encontre des besoins des invertébrés dont la niche écologique naturelle se caractérise abiotiquement par sa richesse en matières nutritives. Les oligo-éléments sont parmi les facteurs abiotiques les plus déterminants quant à la productivité de zooplancton temporaire ( oeufs et larves de la macrofaune ). Qu'il soit en aval ou en amont du système de filtration annexé à un aquarium récifal l'écumeur prive en grande partie la macrofaune et microfaune de son alimentation. Par conséquent, les récifalistes adoptant la méthode de maintenance berlinoise doivent reconsidérer le refuge au regard de sa fonctionnalité conceptuelle, à savoir servir d'abri à la macrofaune, et par conséquent réévaluer plus raisonnablement sa capacité productive de microfaune !

Soit-dit en passant, peut-on encore désigner véritablement de méthode berlinoise la tendance moderne qui vise à accorder à la fonction épuratrice de l'écumeur plus d'importance que celle des pierres vivantes ? L'écumeur est alors considéré comme le "poumon" de l'aquarium. Le surécumage, étant assurément le meilleur moyen actuel de répondre aux besoins écologiques des coraux durs les plus exigeants, participe à mon avis d'une méthode de maintenance récifaliste à part entière, qui doit se décider à couper le cordon avec l'authentique méthode berlinoise et oser se faire un nom propre. En dehors de l'aquarium dit "full sps" et ses exigences finalement singulières, la plupart des récifaux peuvent se contenter de la méthode berlinoise originale, c'est-à-dire des pierres vivantes à qui l'on offre un petit écumeur efficace afin de les soulager d'une partie de leur tâche épuratrice

Personnellement, de part mon expérience de la maintenance de la microfaune au sein d'un récif captif , je dois relativiser l'inconvénient de l'écumeur que Frank de Graaf signale dans son ouvrage le plus populaire.

Finalement, les récifalistes maintenant dans les sous-sols de leurs habitations des aquariums "géants" emplis "à craquer" d'énormes colonies de sps, notamment des Acroporas, ne sont pas légion. La grande majorité de aquariophiles d'eau de mer possèdent desbacs de salon de taille modeste ( moins de 1000 litres ) dans lesquelles ils tentent de reproduire le plus fidèlement possible une ou deux petites patates coralliennes telles que celles qui parsèment ça et là les fonds des lagons de faibles profondeurs. Ces dernières doivent leur naturelle beauté à la diversité des coraux qu'elles supportent.

En général se côtoient sur ces patates coraliennes des coraux mous et des coraux durs. Ces derniers, isolés et ne formant pas de larges colonies, n'ont pas les exigences abiotiques de leurs cousins "hauts placés" des platiers ; la sédimentation organique et inorganique étant bien plus importante en milieu lagunaire. Il n'y donc a-priori aucune raison valable de surécumer l'eau de leurs aquariums et un écumeur à la puissance normalement proportionnée laissera une part respectable de nutriments à la population de micro et macrofaune pouvant y survivre.   

 

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