Le bare-bottom en récifal, un non sens aquariophile !

  • Le 07/12/2017

Accès direct à la boutique : Anti cyano compresse 1

Sable ou pas sable dans un récifal

101 0125

 

     Je ne vous cacherais pas que la vue d'une récifal bare-bottom, même le plus esthétique qui soit et en bonne santé, choque systématiquement l'aquariophile que je suis. Bien entendu j'entends bien la raison hygiénique qui justifie son principe au niveau sanitaire du bac mais je ne peux l'appréhender sans réticence écologique. La biologie marine nous a démontré et appris que le récif et les fonds sableux, même quand ils ne sont pas immédiatement liés physiquement ( le sable peut être a quelques centaines de mètres ( herbier ) ), sont étroitement combinés bio-géo-chimiquement.

L'absence de sable dans un récifal, un non-sens aquariophile

   Encore une fois, au risque de me répéter lourdement, mon avis est philosophiquement et conceptuellement relatif à la définition originelle de l'aquarium, telle que ses inventeurs, naturalistes, l'on définit à la fin du XIXe siècle. N'oublions pas que ces scientifiques, pionniers de l'aquariophilie, ont très rapidement déplorés le dévoiement de leur invention dès que son usage s'est popularisé et que l'aquarium" est devenu prioritairement un objet décoratif de salon, comme, cent-vingt ans plus tard, il l'est toujours pour beaucoup d'aquariophiles.  Le but de l'aquariophile étant de reproduire le plus fidèlement un écosystème subaquatique référent, il m'apparaît logique que l'intention bare-bottom est contre-nature.

    J'ai du respect pour tous les récifalistes et cet article ne vise en aucun cas les adeptes du bare bottom mais uniquement les aquariophiles qui nient que la nécessité de priver un récifal d'un fond sableux trahit évidement un échec de maintenance "naturelle". Moi-même, pourtant ardent défenseur de l'aquariophilie authentique ( faut-il ajouter "écologique" ? ), je sais reconnaître que par exemple l'élimination nécessaire de certains animaux assurément indésirables ( parce que prédateurs incorrigibles ou qui le deviennent par surnombre ) dans mes bacs marque les limites de la reproduction d'un écosystème sauvage dans un milieu fermé. Il s'agit là d'une problématique de l'ordre de l'échelle spatiale ( espace disponible ) d'échelle temporelle ( capacité et vitesse de reproduction en milieu captif ) et d'échelle trophique ( rapport prédation/nourriture ) ; ce qui n'est pas le cas de la présence ou non de sable dans un récifal qui résulte uniquement d'une intention sanitaire et de praticité hygiénique. Certains pourront souligner le fait que l'utilisation d'une éclairage artificiel, d'un chauffage et autres matériels va aussi à l'encontre de la reproduction d'écosystème naturel. Et bien non, car, il s'agit là d'élément participant du confort de l'outil "aquarium" dont le but est de pouvoir observer justement une parcelle de Nature subaquatique sans avoir ni à se déplacer géographiquement ni à s'adonner à la plongée. Je pense surtout évidemment à des appareils indispensables qui n'ont pas pour but de faire le travail d'épuration dans l'écosystème à la place des "agents" vivants ( macro-détritivores, microfaune et bactéries ) dont c'est naturellement le rôle ! 

Le bare-bottom dissimulé sous du sable

Il y bien entendu une pointe d'humour dans le titre ci-dessus. Vous avez compris que je fais cette fois allusion à la couche de sable de 1 ou 2 cm que l'on dépose autour des pierres vivantes pour donne l'illusion esthétique d'un fond sableux. Sur le plan purement biologique je dirais que bare-bottom ou fond de sable décoratif de moins de 3 cm c'est du pareil au même ( ce sable sera colonisé uniquement par des bactéries aérobies ). En revanche cette "fine" couche de sable qui ne peut ni servir de niche écologique pour l'endofaune ( vers fouisseurs détritivores notamment ) ni héberger des bactéries anaérobies dénitrifiantes peut poser problème. A part retenir les sédiments organiques cette couche de sable n'a aucun pouvoir épurateur ; d'où son nom de "nid à merde" qui lui ait donné par des récifalistes contraints de la clocher très fréquemment pour ne pas voir leur taux de NO3 exploser !  Au-delà des 3 centimètres d'épaisseur de sable on pourra héberger des vers détritivores de sable mais pas des bactéries dénitrifiantes... il s'agit là d'une situation biologique bâtarde pas facile à gérer qui dépasse le sujet de cet article ; disons que dans ce cas l'écumeur surpuissant est un outil plus indispensable que jamais ! 

Conclusion

J'avoue que j'avais depuis longtemps envie de rédiger et publier cet article mais je retardais cette entreprise craignant que certains récifalistes n'y voient de ma part une attaque frontale contre eux. À sa lecture on aura compris qu'il s'agit là surtout d'une mise en garde destinée aux aquariophiles marins qui hésitent entre le bare-bottom et le lit de sable épais ( Jaubert ou DSB ) et de fait créent des récifaux qui ne sont ni l'un ni l'autre. En général on pensent occulter cette problématique en qualifiant de Jauberlinois ou de DSBberlinois ces bacs méthodiquement mixtes. Mais attention, contrairement à une idée reçue qui la veut sécurisante, l'association d'un lit de sable, quelque soit son épaisseur, et d'un écumeur, complique encore la donne bio-géo-chimique d'un aquarium récifal ! Les ratios "épaisseur sable/ granulométrie/ puissance de l'écumeur", sans parler du brassage, sont tellement potentiellement variables que je ne peux formuler ici aucun conseil général formel. Du point de vue strictement méthodologique ( hors considération esthétique ) je suis plutôt adepte du tout ou rien en ce qui concerne la présence ou non de sable dans un récifal...