Le poisson de trop en récifal

  • Le 10/10/2019

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Le poisson de trop en récifal

 

   Voici un aquarium récifal qui fonctionne parfaitement. La multitude d'éléments composant son écosystème s'équilibre en un réseau interactif sain, stable et viable. Tout va bien ! Les paramètres physico-chimiques du bac sont idéaux et les poissons se croisent et se recroisent en un magnifique ballet coloré au milieu de coraux superbement épanouis. L'aquariophile peut alors contempler sereinement  son bac récifal et satisfaire à la fois son esprit analytique de naturaliste et son désir d'Aquariophile d'unir son âme passionnée à "l'Âme" de la Nature. Je pense que les aquariophiles matérialistes, ceux qui ont le même rapport avec leurs bacs qu'avec leurs chaudières ou leurs voitures, auront un peu de mal à saisir mes allusions spirituelles. Tous les autres, ceux qui un jour, souvent pendant l'enfance, sont restés "scotchés" par l'émerveillement procuré par un aquarium, n'auront aucun mal à entendre mes propos. Mais revenons concrètement à nos poissons !

La pulsion qui guette tous les récifalistes 

   Je disais donc que tout va extraordinairement bien dans ce bac récifal propice à la contemplation... Jusqu'à ce jour où, en manque de distraction, on choisi, une fois n'est pas coutume, d'entraîner sa petite famille dans une tournée des animaleries, dont on aura bien entendu inclus celle proposant une batterie d'eau de mer. D'habitude il n'y a pas grand chose dans cette boutique et on "survole" par curiosité les bacs de coraux et de poissons mais cette fois notre regard est brusquement happé par un poisson en particulier et ce dernier est immédiatement projeté "en esprit" dans notre bac de salon. Heureusement le volume réduit de notre bac récifal nous interdit de succomber immédiatement à la tentation du collectionnisme qui fera passer notre bac de l'état récifal subtilement équilibré à celui de soupe salée de poissons tropicale. Bien souvent notre budget et le prix élevé du poisson en question sont "heureusement" les facteurs limitants de la pulsion consumériste qui peut nous surprendre à tous moments.

Se poser la bonne question en récifal

   On pourrait penser qu'il s'agit tout simplement de satisfaire notre passion aquariophile et que tout est normal dans cette volonté consumériste... Mais en vérité nous savons que le bac récifal de la maison est quasiment parfait sur le plan aquariophile et qu'en aucun cas l'ajout de ce poisson nouvellement convoité n'est une nécessité absolue. Si le coût du poisson en question est accessible par rapport à notre budget de l'instant il y a de fortes chances que très vite nous nous interrogions sur la compatibilité de cette espèce avec les poissons peuplant déjà notre bac. C'est le début de la fin si à ce stade nous perdons la raison ! Car ici la question essentielle n'est pas "Ce poisson est-il compatible avec les autres de mon bac ? " mais " Ce poisson risque-t-il de perturber l'équilibre écologique de mon bac récifal ? ". Et à cette dernière question la réponse est OUI ! Aussi froide soit-elle par rapport à la pulsion qui brûle en nous dans cette boutique face à ce poisson dan son bac de vente, la réponse est objectivement oui, son ajout dans le bac risque très fortement non seulement de perturber son équilibre mais plus encore de le faire basculer tragiquement.

Quand l'équilibre vacille dans un récifal  

   En tant qu'Aquariophile nous savons à quel point trouver l'équilibre d'un récifal relève d'un processus complexe et qu'atteindre cet équilibre est un privilège existentiel. Ajouter quoi que ce soit à cette équilibre si précieux car fragile c'est comme jeter un objet à un funambule suspendu sur un fil au-dessus du vide. Peut-être cet objet ne fera pas tomber l'équilibriste mais peut être que si. Dans le meilleur des cas le funambule marquera un temps de vacillement précaire. Dans un bac récifal équilibré ou l'on ajoute un nouveau poisson ce temps de vacillement décisif se traduit généralement par des courses poursuites et des attaques sur le nouveau venu. Tout cela engendre un état de stress si fort dans le bac entier qu'il est même palpable dans l'esprit du récifaliste. Autant dire que la contemplation n'est plus de mise ! Une épidémie de points blancs ou d'oodinium viendra certainement participer de symptomatiser ce mauvais état écologique. Il faudra peut-être traiter médicalement, déplacer le décor pour repêcher le poisson mort ou vif, siphonner les sédiments qui envahiront les colonne d'eau, enrayer le prolifération de cyanobactéries qui s'en suit... bref ce sera un chamboulement écologique jamais bien bon en récifal ! 

Conclusion

    "Mais pourquoi donc ai-je ajouté ce poisson ? Je n'aurais jamais dû ; tout allait si bien." C'est le questionnement que se pose alors le récifaliste dépité. Bien entendu il est possible qu'un nouvel équilibre soit retrouvé relativement rapidement et ce récifaliste, une fois tout rentré dans l'ordre, pensera que finalement il a bien fait de succomber à sa pulsion d'achat et que ce nouveau poisson dans ce bac est à présent une plus-value esthétique pour l'ensemble. Mais parfois c'est l'hécatombe piscicole et le crash du récifal qui viennent nous sanctionner d'avoir succomber à la tentation  ! Ce jeu très risqué en vaut-il la chandelle ? Peut-être cet article reviendra en mémoire du récifaliste en proie à la tentation devant un bac d'animalerie ou la vidéo commerciale d'un "poisonnier vpc" et l'aidera un peu à garder raison et ne pas ajouter le poisson de trop qui fera de son beau récifal équilibré un angoissant contenant morbide !  

 

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