Une cause de crash en récifal trop souvent ignorée
- Le 06/04/2019
Une cause de crash en récifal trop souvent ignorée
Des poissons qui respirent très rapidement, les polypes des coraux qui se rétractent, les crevettes qui s'agitent inhabituellement... Le récifaliste s'inquiète, sort les boîtes de tests courants et ne détecte aucune anomalie dans les paramètres. D'ailleurs, le temps qu'il réfléchisse au problème et il semble que tout va déjà mieux dans l'aquarium. Un petit changement d'eau pour se rassurer, un bon nettoyage del'écumeur et un rincage ou remplacement des masses filtrantes et le problème est réglé. D'ailleurs quel problème finalement ? On passe donc à autre chose...
Puis quelques jours plus tard mêmes symptômes, mêmes réactions de l'aquariophile d'eau de mer... et cela passe encore un fois tout seul. On interroge les "amis" récifalistes sur les réseaux sociaux, on répond sagement à toutes les questions et on étudie toutes les réponses. Vraiment, rien dans la maintenance du récifal décrite et surtout dans les résultats des tests ne peut expliquer ce phénomène étrange... Quelqu'un évoque la possibilité d'une intoxication métallique ou chimique. Là aussi on teste, on cherche, on démonte une pompe un peu vieillissantes pour vérifier son état intérieur, on se demande si l'écumeur n'est pas défectueux, on envisage d'acquérir dès que possible financièrement le dernier modèle qui paraît-il écume encore mieux que mieux....
Et puis un beau matin ou au retour d'un week-end c'est la catastrophe ! Une horreur ! Tous les poissons et invertébrés vagiles sont bien morts et les coraux agonisent assurément. Une mauvaise odeur se dégage déjà du bac, c'est la panique, c'est la consternation, c'est... trop tard ! Mais trop tard par rapport à quoi ? Trop tard pour revitaliser micro-biologiquement l'écosystème !
Encore une histoire de microfaune et de bactéries dira forcément Aquamicrofaune qui veut vendre ses produits. N'est-ce pas trop facile de tenter d'expliquer tous les maux d'un récifal par une déficience en micro-organismes dans le bac ? C'est vrai, il s'agit juste d'une proposition "hypothético-déductive" qui ne peut-être corroborée matériellement. Dans le cas présent les tests sur le bac crashé ne révéleront rien d'exploitable et ceux réalisés auparavant n'ont rien révélé non plus. Si ce crash avait eu pour cause une déficience micro-biologique les tests n'auraient-ils pas révélé un excès d'ammoniac/ammonium et de nitrites significatif d'un couac dans le cycle de l'azote ?
Parce que oui, c'est effectivement à un pic d'NH3 ou de NH4CI que pense Aquamicrofaune en établissant son diagnostique hypothétique. Ce dernier est uniquement basé sur l'expérience et rien de plus ! L'empoisonnement à l'ammoniac/ammonium est la cause de bien des crashs soudains non explicables. Mais pourquoi donc le test ad-hoc n'a pas révélé ce problème ? Parce que le taux d'NH3 ou de NH4CI ne devient ici toxique que le temps de la "digestion" difficile de la quantité de matière organique détritive par les micro-organismes.
Pour bien comprendre le phénomène Il faut imaginer l'écosystème comme un corps humain et la population de micro-organismes détritivores et décomposeurs comme son système digestif. Si ce corps doit digérer plus de quantité de "nourriture" que son système digestif peut en "encaisser" c'est la crise de foie. Un aquarium en déficit quantitatif et/ou qualitatif de microfaune et bactéries va subir une "crise de foie" quasiment à chaque distribution de nourriture ou autre cause d'augmentation de matière organique détritive dans le bac. Pendant la durée de cette "crise digestive" le taux d'ammoniac/ammonium va augmenter jusqu'à devenir limite toxique. Seulement, ces "petits" pics de toxicité sont tellement brefs qu'ils ne causent qu'un mal être passagers. Parfois ils vont atteindre un taux un peu plus élevé et le mal-être des animaux du bac va être visuellement repérable. Puis cela passe...
Jusqu'au jour où un premier animal, peut-être affaibli par autre chose ( stress, maladie, conditions de maintenance inadaptés à ses besoins, etc ) meurt et cette fois, d'un taux d'ammoniac/ ammonium légèrement toxique, on atteint un taux franchement toxique... une deuxième animal succombe et c'est l'enchaînement fatal. Il suffit dans ce cas de seulement quelques minutes ( et oui ! ) pour conduire au crash total et irrémédiable. Il y a des crashs invévitables car absolument imprévisibles, comme les pannes matérielles ou les empoisonnements chimiques mais il y aussi des crashs biologiques provoqués par l'incompétence, l'irresponsabilité ou l'insousciance de l'aquariophile. Parmi celles-ci est assurément le manque de considération pour les micro-organismes sur lequel repose l'équilibre bio-géo-chimique de l'écosystème.
Certes, on peut tenter de se passer de bien ensemencer au démarrage son récifal et de le réensemencer régulièrement en axant la maintenance sur la technologie et la chimie... mais c'est un exercice "aquariophile" très risqué. Chaque récifaliste ayant un peu "de bouteille" dans le milieu a pu constater que les crashs d'aquariums récifaux "artificialisés" est plus qu'inquiétant. On peut espérer qu'à défaut d'avoir conscience du massacre écologique que leur maintenance dénaturée engendre la perte budgétaire provoqué par ces crashs fera revenir certains récifaliste à la raison aquariophile.
Il faut vraiment que tous les récifalistes comprennent enfin qu'un récifal sans une population optimale de micro-organismes détritivores et décomposeurs ne peut pas fonctionner durablement. Le marché de l'aquariophilie a eu beau développer sans cesse des nouvelles technologies pour épurer les bacs d'eau de mer on s'aperçoit que l'on a jamais fait mieux que la Nature sur ce point. Aider par la technologie les micro-organismes a traiter les déchets d'un aquarium est une bonne chose car nos bacs sont souvent surpeuplés en poissons et en coraux, mais vouloir se passer de leurs services est vraiment une très mauvaise idée des années 2000 !
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