Le secret absolu de la réussite en récifal
- Le 31/08/2019
Le secret absolu de la réussite en récifal
On échange quasiment sur tous les sujets de maintenance d'un récifal sur les réseaux sociaux thématisés. Comment maintenir les poissons, les coraux ? Quel produit de supplémentation ou de traitement employer ? Quel matériel d'épuration choisir ? quel éclairage ? Etc.Tous ces questionnements ont bien entendu de l'importance... Il est aisé de constater que de manière générale ces questionnements se déclinent en une succession de questions et réponses très simplement exprimées. Par exemple : "je dois ajouter quoi pour..." suivi de "tu dois ajouter ceci ou cela" conclus par "merci les gars je vais faire çà". Il est évident que pour les débutants n'ayant pas envie de "se prendre la tête" ce type d'échange simpliste et simplifié est apprécié. Je donc aussi essayé, sous forme d'un dialogue imaginé, de simplifier au possible un des enseignements récifalistes le plus précieux. La lecture de cet article, qui demande un minimum d'effort, peut éviter bien des problèmes de maintenance et des crashs de bacs récifaux !
Question : Quel est le secret de la réussite en récifal ?
Réponse : La réussite d'un récifal repose sur la qualité des transferts de matière et d'énergie au sein de l'écosystème aquarium.
Question : C'est-à-dire ?
Réponse : Dans l'aquarium la matière organique se transforme continuellement en éléments minéraux et les éléments minéraux se transforment en matière organique.
Question : pfff ... Je comprends pas grand chose. Vous pouvez m'expliquer plus simplement ?
Réponse : Il y a des organismes vivants, comme les algues ( microscopiques ou grandes ) et certaines bactéries qui fabriquent leur "corps" à partir d'éléments non vivants ( les éléments minéraux ) et de lumière ( la photosynthèse ). Parmi ces éléments minéraux il y en a que l'on teste généralement, comme par exemple les nitrates, les phosphates. Les organismes qui ont transformé ces éléments minéraux en matière vivante ( pour faire vivre leur "corps" ) sont consommés par d'autres organismes, comme le zooplanction ou la microfaune. Ces derniers sont eux même consommés par les poissons, les coraux, les crevettes, etc. qui vont en garder une partie et en rejeter une autre partie ( à travers les excréments par exemple ). Les déchets de matière organique font être réduits en particules de plus en plus petites par des détritivores de plus en plus petits et décomposés en éléments minéraux par des bactéries... La boucle est bouclée. C'est ce qu'on appelle les cycles biogéochimiques ; le plus connu en aquariophile étant le cycle de l'azote. La matière organique introduite dans le bac de l'extérieur, comme la nourriture, entrera elle aussi dans ces cycles.
Question : Je comprends mieux mais si cela marche tout seul j'ai rien à faire donc ?
Réponse : La Nature sait en effet ce qu'elle doit faire mais il arrive que le "système" de recyclage écologique se dérègle. Ce dérèglement se manifeste par un mauvais état de santé général du bac ( cyanobactéries, algues, blanchiment coraux, maladie des poissons, etc. ) et par les résultats de tests ( No3, po4, etc ). Dans un aquarium récifal les causes les plus fréquentes de déséquilibre écologique sont la surcharge de matière organique ( trop de poissons, trop de nourriture distribuée par exemple ) et le défaut de population micro-détritivores ( microfaune et/ou bactéries ). Les deux causes s'additionnent bien souvent.
Question : Si j'ai un écumeur puissant pour "enlever les déchets" je ne dois pas avoir de problème ?
Réponse : L'écumeur est en effet un accessoire qui donne un coup de main à la Nature dans nos récifaux qui sont presque toujours surpeuplés. On peut toutefois sans passer si on multiplie les niches écologiques favorables ( lit de sable épais notamment ) aux micro-détritivores. Mais dans tous les cas augmenter la puissance de l'écumeur par rapport au volume du bac n'est jamais une solution qui fonctionne à long terme, comme on a pu le constater avec tous les problèmes de maintenance en récifal qui se sont multipliés avec l'habitude de sur-écumer.
Question : En quoi le fait de retirer avec un écumeur puissant un maximum de déchets avant qu'ils entrent dans les cycles dont vous avez parlés peut poser problème, concrètement ?
Réponse : Le sur-écumage a un effet écologique pervers qui n'apparaît pas évident au premier abord. Quand on sur-écume un bac on court-circuite les cycles naturelles de traitement des déchets en les extrayant au maximum en "amont". Toute la chaîne de transfert de la matière et de minéraux et donc considérablement appauvrie, notamment au niveau des micro-détritivores et des décomposeurs.
Question : En quoi c'est un problème puisqu'il y a moins de déchets à traiter ?
Réponse : Le problème n'est plus à présent au niveau du traitement des déchets mais du "carburant" vital qui doit circuler dans l'écosystème en passant d'organismes en organismes. Quand la chaîne trophique ( chaîne alimentaire naturelle ) est rompue on doit logiquement compenser avec de multiples produits de supplémentation alimentaire, avec le risque de pollution qui va avec. Mais ce n'est pas tout ! Une grande partie des éléments minéraux ( qui ne se résument pas aux nitrates et aux phosphates ) ne sont plus disponibles en quantités suffisantes pour assurer l'équilibre ionique du bac et on doit alors supplémenter avec des produits chimiques. Quand on sait à quel point l'équilibre de l'eau d'un récifal repose sur un rapport extrêmement complexe et facilement instable de paramètres physico-chimiques il apparaît grandement préférable de laisser la Nature faire son travail dans un récifal plutôt que de jouer aux apprentis chimistes !
Question : On voit pourtant des bacs magnifiques gérés artificiellement ? Vous en pensez quoi ?
Réponse : Pour moi il n'existe de bacs récifaux magnifiques que parmi ceux qui durent dans le temps. Un bac magnifiquement coloré par des boutures est certes esthétiquement beau mais il n'indique aucunement une réussite aquariophile. N'importe quel débutant, appliquant les conseils de débutants un peu moins débutants qu'eux, peut tant bien que mal maintenir un an ou deux, voire trois, des coraux en vie ( en survie ? ), même parmi les réputés exigeants. Il en va de même des poissons. En revanche pour maintenir un aquarium récifal jusqu'à ce que les mêmes coraux introduits au départ atteignent leur maturité et les mêmes poissons du début leurs tailles maximales il faut obligatoirement passer au delà de la pédagogie simpliste des questionnements-réponses simplifiées. Les récifalistes qui gèrent "artificiellement" des bacs magnifiques au sens où je l'entends ont au minimum des connaissances poussées en chimie et par conséquent ce ne sont pas des "apprentis chimistes joueurs".
Question : Donc, on doit faire quoi exactement pour réussir un récifal ?
Réponse : Soit, comme je viens de le dire, on choisi une méthode articielle, donc en se passant un maximum de l'aide de la Nature, et on connaît ou apprend de manière approfondie la chimie des eaux, soit on fait confiance à la Nature et on a juste à se contenter de lui apporter tout ce dont elle a besoin pour faire son oeuvre dans un récifal et ne pas trop perturber son travail en réduisant ses interventions dans le bac au minimum nécessaire.
Question : Laquelle de ces deux méthodes préconisez vous ?
Il s'agit de deux façons radicalement différentes d'appréhender la pratique récifale et l'aquariophilie de manière générale. Néanmoins ces deux "méthodes" ont un point en commun : Elles ne supportent pas la l'approximation informative et l'irresponsabilité pratique ! "Si tu fais quelque chose, fais-le bien" est un proverbe qui s'applique absolument en aquariophilie. Négliger cet adage se paye toujours très cher en aquariophilie... Par conséquent, si vous n'êtes pas un grand passionné des formules et des manipulations chimiques, comme la grande majorité des aquariophiles de loisir, choisissez plutôt la méthode écosystémique. Reconstituer un écosystème naturel fonctionnel est facile : De l'eau, des pierres, du sable et de la biodiversité micro-organique, c'est la base commune absolue pour que s'effectue correctement les transferts de matière et d'énergie au sein de l'écosystème-aquarium. Et rappelons-le, quelle que soit la méthode choisie pour le gérer, la réussite d'un récifal dépend fondamentalement de la qualité de ces transferts !