Utilité et intérêt de la microfaune en aquarium d'eau douce

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Je suis toujours surpris que l'on ne parle pas de la microfaune en eau douce sur les forums aquariophiles, comme s'il n'y avait que dans l'eau de mer que vivent les petites bêtes qui participent à l'équilibre écosystémique du bac. La microfaune est certes moins variées en terme d'espèces en eau douce qu'en eau salée mais elle est tout aussi nombreuse quantitativement. Or, dans la plupart des aquariums d'eau douce il n'y a pas une seule petite bestiole sur et dans le substrat. Pourtant, ce n'est généralement pas le sable ( ou mulm dans les aquariums naturels matures ), souvent épais en eau douce, qui manque pour accueillir une population de microfaune intéressante. Copépodes, ostracodes, cladocères, rotifères, gastrotriches, vers olygochètes et nématodes... sans compter les invisibles protozoaires, la vie micro-organique devrait être abondante dans un aquarium d'eau douce écologiquement équilibré. Si toutes ces petites bêtes étaient présentes au sein de l'écosystème aquatique captif il n'y aurait absolument pas besoin de filtre.

Pas plus que les bactéries la microfaune ne peut arriver toute seule dans l'aquarium ; il y encore des aquariophiles qui croient qu'une population bactériennes variée arrivent dans le bac par l'opération du saint esprit Si en aquarium d'eau de mer récifal les pierres vivantes apportent naturellement quelques espèces de microfaune, ce n'est pas le cas en aquariophilie d'eau douce où tout ce qui est proposé dans le commerce est mort ( le sable et le décor ) ; même les plantes aquatiques sont traitées et aussi vierges de micro-organismes qu'un plan de maïs dans le champ "stérilisé" d'un agriculteur intensif. Il faut dire que certaines personne ne supportent pas l'idée que de petites bestioles, y compris parfois des escargots, "hantent" leurs... comment dire... aquariums ( ? ). Peut-on encore parler d'aquariums pour désigner ses contenants de verre totalement dénaturés, qui sont à l'aquariophilie ce que sont les jardins potagers après épandage de glyphosate ( désherbant total ) et de perméthrine ( antiparasitaire, insectiside ). Comment peut-on prendre du plaisir à observer un aquarium aseptisé ? C'est une question que je me suis toujours posée en voyant des poissons nager dans une eau aussi claire que de l'eau minérale en bouteille ! Le but de l'aquariophilie est de rproduire le plus fidèlement possible les biotopes naturels. 

Quand je parle d'eau claire je ne pense pas seulement à sa transparence mais aussi à sa pauvreté zooplanctonique. Même en prélevant un litre d'eau dans ces aquariums "stériles" on ne voit pas le moindre animalcule à la loupe. Comment pourrait-il donc en être autrement dans des bacs dépourvus de plantes flottantes et animés d'un courant qui, au rythme de 2 ou 3 fois le volume d'eau de l'aquarium, conduit l'eau à travers des masses filtrantes qui retiennent prisonniers tout ce qu'elles peuvent. Dans la Nature sauvage même les rivières à forts courants sont bordées d'amas de bois et de végétaux qui font office de niches écologiques presque stagnantes et d'abris contre les prédateurs pour une foule d'organismes détritivores. Et que dire des méandres des grands fleuves asiatiques, sud-américains ou africainsencombrés de végétaux dans lesquels il suffit de plonger une épuisette à mailles fines pour capturer des centaines d'espèces de microfaune ! La majorité du zooplancton d'eau douce est constituée de larves de microfaune destinées à devenir adultes et pondrent à leur tour. Pas de microfaune pas de zooplancton ; pas de zooplancton pas de microfaune...

Rien n'est plus captivant pour l'aquariophile naturaliste de recréer et de gérer dans son salon un véritable écosystème aquatique où l'ensemble des maillons de la chaîne trophique ( alimentaire ) et bio-chimique ( cycle de traitement des déchets ) est représenté. Comment le terme, "aquariophile", peut-il être appliqué pour qualifier ces gens qui appréhendent l'aquarium comme un simple objet ornemental sans en percevoir l'intérêt éco-pédagogique ? Ne pas s'intéresser à l'écologie d'un aquarium, à l'écosystème qui permet au vivant de s'épanouir, c'est forcément se positionner uniquement en tant que consommateur et considérer l'aquarium comme tout autre produit de consommation ( un ordinateur, un téléphone portable, une télévision... ) ; on prend et on remplace quand cela ne marche pas ou plus. 

Un aquarium-écosystème n'est pas un bon outil commercial :  les poissons y vivent très longtemps, s'y reproduisent naturellement ( même les ovipares ! ), les alevins y trouvent leur nourriture vivante, les plantes sont quasiment éternelles et doivent être régulièrement élaguées... bref pas grand chose à acheter de vivant à chaque visite dans une animalerie. Frustrant d'un point de vue consumériste ? Même pas car ce type d'approche aquariophile appelle souvent à la constitution de petits aquariums représentant chacun fidèlement un biotope particulier. Disons qu'en matière de vivant l'aquariophile écosytémique préfère la qualité à la quantité ! 

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