Cyanobactéries en récifal, un problème de logique écosystémique

  • Le 06/01/2019

Cyanobactéries en récifal, un problème de logique écosystémique

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   En écologie générale on estime théoriquement que l'apparition de cyanobactéries en milieu naturel coïncide souvent avec l'augmentation du taux de phosphates et / ou de nitrates ( eutrophisation ). Les cyanobactéries sont présentes dans tous les écosystèmes aquatiques, y compris dans un aquarium, à l'état de dormance, et il suffit d'une augmentation brutale des nutriments, même provisoire, pour qu'elles se réveillent.

   Les récifalistes "usine à gaz", réfutent cette théorie écologique pourtant scientifiquement admise, en faisant valoir comme argument  que leur bac à un taux de nutriments extrêmement bas qu'ils peuvent confirmer par des tests no3 et de po4. Seulement, ils oublient qu'un déséquilibre provisoire de leur système réglé comme du papier à musique ( ajout de poissons, remaniement de quelques pierres, du sable, des masses filtrantes, de la physique du système de décantation, sous- oxygénation temporaire, modification d'intensité ou directionnelle brutale du brassage, bloom bactérien, etc ) suffit à augmenter pendant un temps, même bref, le taux de nitrates ( ou d'ammoniaque ou de nitrite ) et le "relargage" de phosphates immobilisés.

   Les cyanobactéries en dormance peuvent immédiatement exploiter cette modification de paramètres chimiques pour s'épanouir. Cela explique pourquoi les épisodes d'envahissement de cyanobactéries dans les récifaux suivent souvent un bouleversement dans le bac. L'augmentation du taux de nitrates et/ou de phosphates sera peut-être passé inaperçu pour le récifaliste mais certainement pas pour les cyanobactéries ! Une fois "réveillées" seuls les phosphates seront le facteur limitant de leur prolifération ; elles peuvent parer à une pénurie de nitrates en puisant l'azote directement dans l'atmosphère. Quant aux phosphates, à moins de mettre à jeun plusieurs jours les habitants du bac, elles en trouveront aisément assez dans la nourriture distribuée pour satisfaire leur besoin au minimum.  

  Ce qui rend leurs "attaques" encore plus vicieuses c'est que les "cyanos" vont d'abord se développer insidieusement dans la colonne d'eau pour ensuite brutalement  "décider" de former des biofilms ( souvent de couleur "bordeaux" en eau de mer et de couleur verte en eau douce ) sur les substrats. En aquariophilie ce n'est toujours qu'à ce stade de leur développement qu'on constate leur présence. Une fois installée en colonie "fixe" sur les substrats elles constituent une biomasse "toute puissante" à la fois force de garde-manger ( sous leur biofilm elles puisent leurs nutriments directement de la micro-sédimentation organique ) et force de rempart contre les prédateurs ( nombre + production de toxine ). C'est pour cela que les siphonner très fréquemment ( plusieurs fois par jour ) contribue à affaiblir leur base physique et leurs défenses chimiques afin de favoriser la reconquête du territoire par des micro-organismes plus sains.  

   Les cyanobactéries sont en concurrence alimentaire directe avec le phytoplancton et les micro-algues benthiques et sont prédatées par le zooplancton ( c'est pour s'en protéger qu'elles produisent des toxines ) et ce n'est pas par hasard que les invasions de cyanobactéries sont infiniment plus rares dans les bacs écosystémiques. D'abord parce que l'écosystème d'un récifal écosystémique est naturellement plus stable et moins soumis aux aléas de la technologie et de la chimie en poudre. Ensuite parce que l'aquariophile écosystémique ne passe pas son temps à bidouiller dans son bac ( il le contemple ! )  Et surtout parce que le bac écosystémique, par sa configuration écologique, notamment le respect des niches écologiques, est riche de micro-organismes, détritivores ( microfaune ) et décomposeurs ( bactéries et autres ).

   Bien qu'il ne s'agisse que d'un constat empirique ( sur une trentaine d'années tout de même pour mon cas ! ) on peut considérer ma méthode de lutte contre les cyanobactéries comme pertinente, efficace et surtout écologiquement fondée : Il est évident, compte tenu de ce que nous venons d'évoquer plus haut, que le facteur micro-concurrentiel est déterminant pour lutter contre les cyanobactéries. Les nutriments consommés par la microfaune et les bactéries ne sont pas ou peu disponibles pour les cyanobactéries. De même, les territoires ( colonne d'eau et substrats ) occupés par le plancton temporaire et les micro-organismes benthiques ne sont pas disponibles pour les "cyanos".

   Quand on a l'expérience des aquariums écosystémiques on peut même d'ailleurs constater que des foyers de cyanobactéries apparaissent parfois ça et là mais que ces derniers ne se développent jamais plus qu'il ne faut. Souvent les biofilms de "cyanos" perdurent quelques jours puis disparaîssent d'eux-mêmes, n'étant pas parvenu à s'imposer biologiquement face aux autres micro-organismes. Nous pouvons comme souvent sur ce blog d'aquariologie conclure par ce constat éco-logique récurrent  : Les problèmes en aquariophilies sont généralement les conséquences d'une maintenance non respectueuse des principes et règles révélés par la Nature à la Science. L'aquariophilie doit être une pratique d'application de ces principes et règles et non un moyen coercitif de s'en affranchir via la technologie et la chimie industrielle !   

 

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