Comment évaluer la population de microfaune dans un récifal
- Le 29/04/2017
- Dans La microfaune en aquarium récifal
Comment évaluer la population de microfaune dans un récifal
" J'essaie de voir de la microfaune dans mon récifal mais je ne vois rien du tout, sinon quelques gammares qui se faufilent entre les pierres". On peut lire fréquemment ce genre de propos sur les forums aquariophiles. D'abord, quelques gammarus sp. ce n'est pas rien du tout car cette macrofaune produit probablement de la microfaune spécifique. Bien entendu, on n'est très loin d'une population véritable de microfaune telle qu'on la conçoit sur ce blog. Ensuite, percevoir furtivement des gammares affolés témoigne d'une méthode d'observation inappropriée, consistant probablement à balayer directement sur le décor rocheux un faisceau lumineux. Tout le monde sait que c'est la nuit, lorsque l'aquarium est éteint, que la microfaune peut le mieux se révéler.
Il paraît qu'il suffit de recouvrir l'ampoule d'une lampe d'un morceau de plastique transparent rouge pour ne pas effrayer la faune d'un aquarium. J'ai bien entendu, depuis longtemps, testé cette méthode. À partir du moment où la macrofaune-microfaune fuit instinctivement la lumière que je projette sur elle, même sans s'affoler, je ne peux, d'un point de vue naturaliste, être totalement satisfait de mon observation.
Le problème de ce mode d'observation ne vient pas de l'utilisation ou non d'un voile rouge sur la source d'éclairage mais de la projection directe du faisceau lumineux sur les animaux. De nombreuses espèces composant la microfaune et macrofaune sont photophobes ; autrement dit elles fuient instinctivement la lumière, que cette lumière soit rouge, verte ou bleu ! Ces espèces photophobes ont la capacité de se retirer dans un abri à une vitesse telle que la vision humaine n'a pas le temps de les percevoir. Ainsi s'explique le mystère des apparitions "soudaines" de gros vers errants ( trahis par leur corpulence ) dont l'aquariophile n'avait jamais imaginé la présence dans son bac pourtant vieux de quelques années. Alors, vous pouvez imaginer que bon nombre d'autres espèces, bien plus petites à l'âge adulte que ces vers, pouvent rester presque infiniment invisibles ! L'autre défaut de la projection directe d'une lumière sur le susbrat est qu'elle masque, par réflexion, les mini-organismes qui sont là, juste devant nos yeux, sur la vitre frontale par exemple, ou flottant dans la colonne d'eau comme de vulgaires particules de "poussière" .
Je peux vous assurer qu'il suffit que je pointe le faisceau de ma lampe d'observation ( qui n'est autre que la led de mon portable ) perpendiculairement à la vitre frontale pour que les milliers d'animalcules qui s'y trouvent agglutinés disparaissent à mes yeux. En fait, le meilleur moyen de bien observer la microfaune de son récifal est tout simplement de se munir de son téléphone portable, généralement équipé en son sommet d'une petite lampe, et d'une simple loupe ronde à manche ( au rayon accessoires scolaires des supermarchés ). Le portable dans une main doit être tenu de manière à ce que le faisceau lumineux émanant de son ampoule soit parallèle à la vitre. L'autre main vient positionner la loupe dans ce faisceau. Vous allez alors voir apparaître, s'il y en a encore dans votre aquarium bien sûr, une multitude de minuscules bestioles se déplacant sur la vitre à la recherche de bactéries ou de micro-algues à consommer. Au premier abord elles paraissent toutes semblables mais avec un peu de concentration vous allez découvrir que ce n'est pas le cas.
Il n'est toutefois pas possible avec cette méthode simple d'observation d'identifier les espèces différentes ; le but est juste d'évaluer sa population de microfaune. Si vous avez du sable dans votre aquarium, cette méthode vous révelera probablement d'autres animalcules, notamment entre les grains de la couche superficielle. Ce n'est pas fini ! En portant à présent votre regard aussi profondément dans le bac que votre loupe le permet vous ferez peut-être d'autres découvertes surprenantes. Et, cette fois, les gammares vous apparaîtront, certes moins "illuminés", mais beaucoup plus calmes et vaquant normalement à leur occupations de gammarus.
Il suffit parfois de voir les choses sous un angle nouveau, en l'occurence celui d'une lampe de poche, pour qu'un monde se révele tout autrement ! Dans tous les cas, l'observation de la population de microfaune visible sans matériel de laboratoire exige de la patience et de la concentration. Bien souvent un regard insistant sur un morceau de roche ou une parcelle sablonneuse permet de révéler l'infime mouvement d'une petite bête que l'immobilité rendait indécelable. Il est possible, a fortiori si vous ne faites jamais d'ajouts, que votre population de microfaune soit quantitativement dérisoire... Mais avant de dire "il n'y a rien du tout dans mon bac", faites au moins l'effort de bien chercher... Et surtout de la bonne manière ! Il ne faut pas perdre pas de vue non plus que l'on parle de microfaune, donc de micro-organismes par définitions de taille inférieur à 0,2 mm.
Pour les récifalistes qui possèdent un poisson Mandarin ou autres espèces du genre Synchiropus l'observation de l'état de santé en dit long sur la qualité de la population de microfaune dans un bac.
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